Extraits de "Jésus et le pardon: le lieu de rencontre entre Un Cours en Miracles et le Christianisme"
de Kenneth Wapnick
Septième édition
Chapitre 1 à 3
Forgiveness and Jesus, chapitre 1 à 3 (sur cette page)
Forgiveness and Jesus, chapitre 4 à 16 (cliquez ici)
PARTIE I
LES PRINCIPES D’UN COURS EN MIRACLES
Chapitre 1 :
LES DYNAMIQUES DE L’EGO
Les relations d’amour particulières
Nous avons vu que l’une des caractéristiques de la culpabilité est la croyance qu’il y a quelque chose qui nous manque et qui ne pourrait jamais être comblé, une incomplétude qui resterait à jamais au-delà de l’espoir de complétude. C’est ce que le Cours nomme le principe du manque. La culpabilité nous dit que c’est notre destin de rester vide et vulnérable, à la merci d’un monde hostile et menaçant. Nous nous disons alors à nous-mêmes : « Je ne peux pas tolérer ce sentiment d’indignité. La douleur de faire face à l’échec complet de ma vie est écrasante et l’anxiété et la terreur que cela provoque sont trop grandes à supporter pour moi. »
C’est ce moment là qu'a attendu l'égo. Après nous avoir convaincu que nous étions coupables, il peut alors se placer en tant que sauveur de notre culpabilité. Désespérés de terreur, nous nous accrochons ardemment aux petites ficelles que l’égo nous tend. Ces petites ficelles se présentent inévitablement sous la forme de relations. L’ego nous dit : « Si tu te sens si mal à l’intérieur, sans l’espoir que cette culpabilité soit jamais défaite, allons trouver la réponse à l’extérieur. » Le Cours affirme : « Nul ne vient ici qui ne doive encore avoir l’espoir, quelque illusion subsistante, ou quelque rêve qu’il y a quelque chose à l’extérieur de lui qui lui apportera le bonheur et la paix » (T-29.VII.2 :1).
En suivant la direction de l’égo, nous nous embarquons alors dans une quête interminable dans le but de trouver une complétude et une satisfaction à l’extérieur de nous-mêmes. La consolation que nous ne pouvons pas trouver dans le bourbier de notre pêché, notre culpabilité et notre peur, nous devons la trouver chez les autres. Ce processus suit la formule basique : « Il y a certains besoins spéciaux ou manques que j’ai et qui ne peuvent pas être comblés par moi-même ou par Dieu. Je ne peux pas trouver la paix ou le bonheur sans eux. Mais toi qui est spécial, qui a des caractéristiques et des qualités spéciales, tu peux satisfaire mes besoins. En toi, je trouve ma complétude ; et ton amour, ton soutien, ton approbation me prouvent que je suis digne et non pas la créature misérable que je pense être. » (p. 32, 33)
Une approche plus minutieuse de ces relations révèle cependant leur vraie nature : ce sont en réalité des relations faites en enfer. Elles ne sont pas basées sur l’amour et le véritable partage, mais sur le pêché et la culpabilité, dont la peur en est la principale motivation. Ce sont des contrats scellés dans le sang tandis que le marché passé inconsciemment est le suivant : « Aussi longtemps que toi, mon amour particulier, tu continues à agir de façon à ce que mes besoins soient satisfaits et que je puisse éviter ma propre culpabilité, je vais t’aimer et je vais faire la même chose pour toi en retour. Je vais t’aider à éviter ta douleur en comblant tes besoins spéciaux. Mais tu ne pourras plus compter que sur toi si tu devais changer ou ne plus remplir ta part du contrat. » C’est cette dernière phrase qui sous-tend « l’amour ». Elle révèle la haine qui se cache dessous et qui est une projection de la haine que nous ressentons pour nous-mêmes.
Si du point du point de vue de l’égo, la valeur que nous donnons aux autres dépend de leur capacité de nous protéger contre notre culpabilité, il devient impératif pour notre paix d’esprit qu’ils continuent à remplir leur rôle. La plus petite déviation de l’arrangement et nous sommes menacés par la percée de terreur que nous avons cherché à dissimuler. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire en sorte qu’ils reviennent à leur position initiale qui est d’être les protecteurs de notre peur. Cela est réalisé grâce à l’arme de l’égo par excellence : la manipulation par la culpabilité. Nous essayons de rendre notre partenaire d’amour particulier coupable de ne pas se soucier de nous de façon à ce qu’ils arrêtent leur actions coupables et qu’ils remplissent à nouveau leur rôle qu'est de nous sauver de notre culpabilité. C’est maintenant de leur faute si nous nous sentons si mal et si nous nous tenons terrifiés devant cette image de nous-même.
Ce sont les bases de la jalousie et la possessivité qui caractérisent l’amour particulier ainsi que la signification du proverbe bien connu : « A deux ça va, à trois, bonjour les dégâts ». Puisque nous plaçons nos espoirs pour le salut dans cette personne spéciale, lorsque son attention est tournée ailleurs, nous en sommes privés. Si l’amour est partagé, nous en avons moins. Cet amour doit être jalousement gardé et protégé de peur que le gain de quelqu’un d’autre devienne notre perte. La nature exclusive de l’amour particulier contraste avec le partage de l’amour réel, qui comprend tout et n’a pas besoin de protection. (p. 33, 34)
Au final, voici peut-être la source la plus primaire de culpabilité de ces relations particulières : celle d’utiliser les autres pour combler nos propres besoins. L’ego est entièrement insensible au bien-être de ceux qu’il utilise pour servir ses buts. Du point de vue de l’égo, notre seul intérêt pour les autres est déterminé par la façon dont ils réalisent le but caché qu’est de perpétuer la culpabilité à travers la projection. Notre intérêt et notre engagement envers les autres n’est pas dû au véritable intérêt qu’on leur porte en tant que personne, attiré par la lumière du Ciel qui brille d’eux, mais plutôt à leurs qualités particulières qui correspondent à nos besoins spéciaux. (p. 36)
Nous pouvons résumer la signification de cette relation particulière en imaginant un bocal en verre, rempli au quart avec des granulés de café instantané. Le bocal représente notre concept du soi, c'est-à-dire la façon dont l’égo nous perçoit, tandis que le café symbolise notre culpabilité dont l’égo nous a convaincu que c’était notre réalité fondamentale.
L’ego nous enseigne d’éviter cette culpabilité à tout prix sinon nous serions accablés et détruits. Ainsi, nous nions ou réprimons la haine que nous avons pour nous-mêmes, poussant le café au fond du bocal qui représente notre inconscient. Une fois que nous avons accepté l’idée de l’égo comme étant vraie, nous sommes engagés à continuer à nier notre culpabilité et à la garder au fond du bocal. Ce qui garantit le succès de notre déni est un solide couvercle, qui devient maintenant la fonction de notre relation particulière. Aussi longtemps que nous sommes dans la particularité, la culpabilité que nous projetons sur les autres est enterré en sécurité dans nos esprits. Les partenaires particuliers, qu’ils soient d’amour ou de haine, restent nos couvercles aussi longtemps qu’ils jouent le jeu de la culpabilité. Quand ils ne le font pas, le couvercle de nos bocaux commence à se dévisser. La culpabilité remonte à notre conscience et nous paniquons comme l’égo nous l’a enseigné à le faire. Etant encore à l’intérieur du système de l’égo, nous n’avons pas d’autre recours que de revisser fermement le couvercle en manipulant le partenaire particulier à travers la culpabilité. Si cela échoue, nous devons jeter le couvercle et trouver une autre personne qui pourra à présent remplir cette fonction pour nous. (p. 37, 38)
L’utilisation que fait l’ego du passé
Le grand besoin qu’a l’égo de s’accrocher à la culpabilité, la renforçant continuellement, est alimenté par le principe connu sous le nom d'« effet de l’anticipation de l’expérimentateur ». Nos plus grandes peurs, issues de notre culpabilité qui à juste titre mérite l’attaque et la punition, sont souvent réalisées et provoquées par la peur, bien que nous soyons inconscients du rôle que nous avons joué dans ce résultat désastreux. L’ego a « manigancé » avec succès le résultat, tandis que nous pensons que cela a été le résultat de forces au-delà de notre contrôle. Par exemple, imaginons qu’une rumeur infondée commence à se répandre : celle de l’insolvabilité d’une banque. Par conséquent, les clients commencent à retirer leur argent, provoquant au final une véritable faillite de la banque. De même, un parent convaincu qu’un enfant ne sera pas capable de fonctionner avec succès dans le monde pourrait continuellement le protéger et l’infantiliser, de façon à ce que le garçon devienne un « garçon à sa maman », complètement apeuré d’être livré à lui-même, manquant de confiance en ses capacités à vivre comme un homme.
Un processus très similaire se produit quand nous percevons le présent à travers au passé. Puisque les gens ont répondu d’une certaine manière dans le passé, ou certaines situations ont évolué selon un schéma bien défini, nous nous attendons que la même chose se produise dans le présent. En réalité, nos attentes peuvent amener certains comportements qui vont à leur tour provoquer ces situations. (p. 40, 41)
Résumé
Les fondements de l’égo sont le pêché, la culpabilité et la peur. Notre croyance en ce que nous sommes intrinsèquement pêcheurs, un état de séparation et d’aliénation qui semble être au-delà de la correction du ciel ou de la terre, a pour conséquence de nous faire expérimenter la culpabilité envers ce que nous pensons avoir fait ou d’une manière plus fondamentale, ce que nous pensons être. Cette sensation fondamentale d’immoralité a pour conséquence de nous faire craindre la punition que nous sommes sûrs de recevoir puisque c’est ce que nous pensons mériter. Nous sommes apparemment sans espoir face à cette anxiété fondamentale et cette terreur qui accompagne inévitablement la croyance en notre propre culpabilité.
L’ego nous offre une voie hors de ce dilemme en même temps qu’il le renforce. Il nous convainc que la manière de se libérer de la culpabilité est de la projeter sur les autres. Nous faisons cela de deux façons principales : soit en rendant les autres coupables de notre culpabilité, une projection justifiée par notre colère (relation de haine particulière), soit en niant notre incomplétude en trouvant la complétude en quelqu’un d’autre, soutenant cet arrangement en manipulant la culpabilité (la relation d’amour particulière). Ces deux manières de procéder amènent cependant les choses contre lesquelles elles étaient sensées nous défendre. Officiellement vues comme étant un moyen d’éviter la peur ou de se débarrasser de notre culpabilité, ces relations particulières les renforcent en réalité et la peur qui en résulte continue à repousser tout le processus encore plus loin hors de notre conscience, le rendant impossible à défaire. De cette façon, l’égo maintien son emprise sur nous. (p. 42, 43)
Chapitre 2 :
La signification du pardon
Le Saint -Esprit
La toile défensive qu’a tissée l’égo autour de lui, comprenant le mécanisme de la peur renforçant la peur, semble rendre la culpabilité pour toujours au delà de la guérison. Cela est si profondément dissimulé derrière les systèmes protecteurs de l’égo, la relation particulière étant le système le plus développé, qu’il est pratiquement impossible de traiter directement avec notre propre culpabilité. Puisque nous sommes ceux qui ont fait la culpabilité et qui ont ensuite fait un monde qui la protège par notre identification avec ce monde, nous ne pouvons pas enlever nous-mêmes cette culpabilité. Nous avons besoin d’une aide qui vient de l’extérieur du système de l’égo, de la même manière qu’un homme s’enfonçant dans des sables mouvants a besoin de quelqu’un se tenant sur un sol bien solide, à l’extérieur des sables mouvants, pour l’atteindre et le sortir de là. (p. 45)
Le but que fait le Saint-Esprit des relations
La culpabilité que nous projetons sur les autres est la même culpabilité que nous entretenons à l’intérieur de nous-mêmes. Si nous imaginons que nous sommes un projecteur de cinéma, notre culpabilité est le film qui se déroule continuellement à travers le mécanisme de notre esprit. Les gens qui se déplacent à travers l’écran devant nous sont filtrés par cette culpabilité projetée. Ces caractéristiques personnelles que nous trouvons les plus répréhensibles, nous les verrons ailleurs et attaquerons, plutôt que d’admettre nos véritables sentiments à propos de nous-mêmes. (p. 46)
Typiquement, chaque relation humaine est à sa création une relation particulière puisque l’égo parle toujours en premier et parle pour la séparation. Son seul but pour toutes les relations, quelles que soient leur forme, est de projeter la culpabilité. Cependant, ce que nous avons projeté sur les autres reste à l’intérieur de nous : « Les idées ne quittent pas leur source. » A l’inverse des choses matérielles de ce monde, les pensées ne sont pas diminuées lorsqu’elles sont partagées. Cela tient pour les pensées de Dieu aussi bien que pour les pensées de l’égo. Le Cours enseigne : « Si tu partages une possession matérielle, tu en partages la propriété. Si tu partages une idée, toutefois, tu ne la diminues pas. Elle est encore toute à toi bien qu’elle ait toute été donnée » (T-5.I:10-12). Plus nous offrons d’amour aux autres, plus nous en recevons en échange, puisque la Source de l’amour ne nous a jamais quitté : « Les idées ne quittent par leur Source. » En donnant l’amour nous rendons l’amour réel pour nous et ainsi nous nous en souvenons à l’intérieur. Le même principe tient pour la culpabilité et la peur. Plus nous nous en « donnons », plus nous renforçons sa présence en nous-mêmes. Ainsi, la culpabilité que nous avons projetée sur les autres ne nous quitte pas. Aussi longtemps que nous soutenons la projection, croyant qu’elle est réelle, nous maintenons son emprise sur nous. (p.47)
Le processus du pardon : Trois étapes
Le processus du pardon est essentiellement constitué de trois étapes qui nous guident loin de nos egos jusqu’à Dieu.
1- La première consiste à reconnaître que ce que nous avons attaqué et jugé chez l’autre est en réalité ce que nous avons condamné en nous-mêmes. C’est le premier pas dans le renversement du processus de la projection et dans le défaire de ses effets. Aussi longtemps que nous maintenons que le problème n’est pas en nous mais en quelqu’un d’autre, notre attention sera divertie avec succès de la source réelle du problème. L’ego dirige notre attention loin de la culpabilité et, en nous convainquant qu’elle n’est pas en nous, nous nous efforçons de résoudre le problème là où il n’est pas. Toute projection a le but suivant : celui d’être une projection ou un écran de fumée de façon à ce que l’on ne regarde jamais à l’intérieur, là où le problème est réellement. Le Cours formule ainsi le dicton de l’égo : « Cherche et ne trouve pas » (T-12.IV.1:4).
Si nous pensons aux granules de café dans le bocal de la relation particulière comme représentant notre croyance dans notre propre pêché ou culpabilité, le but de l’égo est de nous maintenir à jamais éloignés d’eux. Nous confrontons soit la terreur de l’oubli et du néant, soit le spectacle terrifiant d’un Dieu en colère qui attend pour nous anéantir. Ainsi, en niant la culpabilité, nous espérons échapper par magie à l’anxiété qu’elle engendre. Ce que l’égo ne nous révèle pas, bien sûr, c’est qu’au-delà de cette culpabilité est le Dieu qui est toujours avec nous et dont la présence aimante dissipe le monde apeurant de l’égo qui est basé sur la séparation d’avec Lui. Cet Amour est la preuve que les prémisses de l’égo sont fausses.
L’égo cherche donc toujours à nous garder éloignés de notre culpabilité. Il nous offre de nombreuses tentations, prenant des formes positives et négatives, pour faire en sorte que nous ne nous y approchions jamais de trop près. En suivant les conseils de l’égo, nous cherchons continuellement des couvercles à notre bocal. Ces quêtes constituent les différents problèmes et implications de la vie, grands ou petits, qui ont pour but de nous garder éloigné du problème fondamental de la vie qu’est le défaire de la séparation et le retour à Dieu. Le Cours élabore sur la stratégie de l’égo :
« Chacun en ce monde semble avoir ses propres problèmes particuliers. Or ils sont tous les mêmes et ils doivent être reconnus comme ne faisant qu’un si la seule solution qui les résout tous doit être acceptée. Qui peut voir qu’un problème a été résolu s’il pense que le problème est autre chose ? … Telle est la position dans laquelle tu te trouves maintenant… La tentation est de considérer les problèmes comme multiples est la tentation de garder irrésolu le problème de la séparation. Le monde semble te présenter un grand nombre de problèmes, chacun exigeant une réponse différente… [Cependant] toute cette complexité n’est qu’une tentative désespérée pour ne pas reconnaître le problème, et donc ne pas le laisser être résolu » (L-I.79.2:1-3 ; 3:1 ; 4:1-2 ; 6:1).
[…]
Le premier pas consiste donc à questionner la réalité de l’écran de fumée de façon à réaliser que le problème n’est pas ailleurs. La culpabilité est nôtre. Nous reconnaissons que ce n’est pas l’autre qui a besoin d’être changé, mais nous-mêmes. A cette étape, nous disons : « Le problème que je vois est inventé par moi. Il n’a pas de réalité au-delà de ma croyance en lui. C’est mon interprétation qui a causé la perte de ma paix intérieure. C’est donc mon interprétation qui doit être changée. »
Bien que cette étape ne résolve pas le problème de notre culpabilité, cela nous guide au-moins plus près de sa résolution. En maintenant que le problème est extérieur, et donc que sa résolution l’est aussi, nous réalisons le but de l’égo qu’est de garder le problème éloigné de la Réponse de Dieu, cette Réponse étant le Saint Esprit qu’il a placé dans nos esprits pour corriger la fausse pensée de séparation. En retirant notre croyance de la projection, nous avons fait le premier pas qui va permettre à Dieu de nous parler de l’intérieur de nous-mêmes, là où Il est. Nous voyons parfois ce processus à l’œuvre dans nos rêves […].
2- La seconde étape nécessite notre reconnaissance que la culpabilité représente également une décision, et cette décision peut maintenant être changée. Ce changement n’est pas quelque chose que nous pouvons faire par nous-mêmes, mais il faut que ce soit quelque chose que nous voulions. Cela peut être notre choix.
Notre culpabilité n’est pas un don de Dieu pour nous. Elle vient de notre croyance erronée concernant qui nous sommes et Qui est notre Créateur. Sa correction est la clé de notre guérison et sera déterminante dans la façon dont nous expérimentons Dieu et dans notre relation avec Lui. La culpabilité, comme nous l’avons vu, ne peut pas être séparée de la croyance qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement mauvais en nous et que rien d’autre que la punition n’est méritée en raison de notre nature répréhensible. A travers cette trilogie constituée du pêché, de la culpabilité et de la peur, expérimenter Dieu comme un père aimant et clément est psychologiquement impossible. Nous ne pouvons pas croire au point de vue de l’égo sur nous-mêmes et en même temps avoir l’assurance de la Présence aimante de Dieu en nous. L’amour doit attendre derrière les voiles de la culpabilité et de la haine, de la même manière que la paix ne peut pas être expérimentée là où il y a la peur et le conflit.
Lors de cette deuxième étape, nous devons commencer à regarder ces relations différemment. Examiner les prémisses sous-jacentes du système de pensée de l’égo nous laisse voir à quel point elles sont impossibles si Dieu est réellement un Dieu d’Amour. Des prémisses qui s’excluent mutuellement ne peuvent pas être maintenues sans un conflit permanent. Si nous croyons que notre identité est l’ego, nous devons aussi croire que Dieu n’est pas Amour puisqu’il doit nous punir en raison de l’attaque que nous lui avons fait subir. L’amour et le pardon n’ont pas de place dans le monde de l’ego.
Le système de pensée de l’égo est lourdement sécurisé par cette croyance en la colère de Dieu, qui peut à tout moment s'abattre sur nos têtes coupables. En fait, l’idée la plus terrifiante pour l’égo est que Dieu ne nous condamne pas, qu’Il nous aime d’un Amour éternel. Croire qu’un Dieu d’Amour peut changer en un Dieu de haine, et donc de peur, c’est Lui attribuer l’utilisation que fait l’égo de la projection et de l’attaque. Cette idée insane constitue la troisième loi du chaos, qui est décrite de cette manière dans le Cours :
« Dieu … doit accepter la croyance de Son Fils en ce qu’il est et le haïr pour cela. Vois comme la peur de Dieu est renforcée par ce troisième principe. Maintenant il devient impossible de se tourner vers Lui pour demander de l’aide dans la misère. Car maintenant, Il est devenu l’ « ennemi » Qui l’a causé, à Qui il est inutile de faire appel… Ainsi, l’expiation devient un mythe et c’est la vengeance, et non le pardon, qui est la Volonté de Dieu » (T-23.II.6 :6–7:3 ; 8 :2).
[…]
Le compositeur du 19ème siècle, Wagner, a donné une puissante illustration de la difficulté qu’a l’ego avec la miséricorde de Dieu. Lors de l’opéra final de Wagner, Parsifal, la pêcheresse Kundry décrit sa propre odyssée diabolique qui commence avec une vie d’immoralité sexuelle au temps de Jésus. Se tenant en dessous de lui alors qu’il était sur la croix, elle leva les yeux en l’air, ricana avec mépris à son tourment et rit. Jésus la regarda avec miséricorde et ses yeux emplis de pardon brillèrent à travers sa culpabilité. Mais son incapacité à l’accepter l’entraîna dans une frénésie. Elle erra donc à travers les âges, obligée de répéter indéfiniment sa vie de pêché et, en même temps, désirant ardemment la repentance qui vint finalement sous la forme de Parsifal, la figure du Christ qui n’est pas tenté par sa séduction et qui voit au-delà de son ego vers ce qu’elle est réellement.
Cette seconde étape questionne notre décision d’être coupable, maintenant que cela a été amené à notre conscience. Nous choisissons maintenant d’abandonner notre investissement dans notre ego comme étant notre soi et créateur, choisissant de nous identifier plutôt avec notre vrai Soi, sachant que Dieu est notre Père aimant. Nous disons alors : « J’ai fait le mauvais choix à mon sujet et je désire maintenant choisir à nouveau. Cette fois, je choisis avec le Saint-Esprit, et je le laisse prendre pour moi la décision de non-culpabilité. »
3- Cela ouvre la voie à la troisième étape qui relève du travail du Saint-Esprit. Si nous pouvions défaire notre culpabilité par nous-mêmes nous n’aurions pas eu besoin du salut au départ. C’est précisément parce que nous sommes si empêtrés dans notre égo que le Saint-Esprit entre dans notre monde de peur et de culpabilité. C’est un moyen particulièrement tentant de l’égo de nous convaincre que nous pouvons défaire la culpabilité seul, sans l’aide de Dieu. Le Cours nous exhorte à ce qui suit :
« Tu y prépares ton esprit [au défaire de notre culpabilité à travers l’instant saint] dans la mesure où tu reconnais que tu le veux par-dessus tout. Il n’est pas nécessaire de faire plus ; de fait, il est nécessaire que tu te rendes compte que tu ne peux pas faire plus. Ne tente pas de donner au Saint-Esprit ce qu’il ne demande pas, sinon tu Lui ajoutes l’ego et tu confonds les deux » (T-18.IV.1:4-6).
Le Saint Esprit ne demande que notre petite volonté afin qu’Il puisse y joindre le pouvoir illimité de Dieu.
« N’assume pas Sa fonction pour Lui. Donne-Lui seulement ce qu’Il demande, afin d’apprendre combien ton rôle est petit et combien le Sien est grand. […] Ne tente jamais de passer sur ta culpabilité avant de demander l’aide du Saint-Esprit. Cela est Sa fonction. Ton rôle est seulement de Lui offrir un petit désir de Le laisser enlever toute peur et toute haine, et d’être pardonné » (T-18.IV.6:7-8 ; T-18.V.2:3-5).
Ainsi, les deux premières étapes du pardon représentent notre décision de laisser le Saint-Esprit faire son travail de guérison à travers nous. La troisième étape est la sienne. Il y a une prière dans le Cours qui nous encourage à utiliser quand nous ne sommes pas joyeux. Elle contient en elle-même les trois étapes que nous décrivons:
"J'ai dû prendre la mauvais décision, parce que je ne suis pas en paix.
J'ai pris la décision moi-même, mais je peux aussi prendre une autre décision.
Je veux prendre une autre décision, parce que je veux être en paix.
Je ne me sens pas coupable, parce que le Saint-Esprit défera toutes les conséquences de ma mauvaise décision si je Le laisse défaire.
Je choisis de Le laisser défaire, en Lui permettant de décider de choisir Dieu pour moi" (T-5.VII.6:7-11)
Notre responsabilité est de décider que c'est Sa vie que nous voulons et non celle de l'ego, parce que le Saint-Esprit ne peut retirer notre culpabilité seulement quand nous retirons notre investissement en elle. C’est pourquoi le Cours dit que « la seule responsabilité du faiseur de miracle est d’accepter l’Expiation pour lui-même (T-2.V.5:1) », ce qui signifie d’accepter l’irréalité de notre culpabilité à travers le pardon.
Pour résumer, la décision de choisir Dieu est donc une décision de surveiller nos relations particulières, de les pardonner plutôt que de les condamner, et de voir que rien ne nous a été fait parce qu’en réalité, nous nous sommes faits cela à nous-mêmes. « Le secret du salut n’est que ceci : que tu te fais cela à toi-même » (T-27.VIII.10:1). Nous réalisons que nous ne sommes pas les victimes du monde que nous voyons (L-I.31), mais plutôt des victimes de nous-mêmes, et que nous pouvons maintenant regarder cela différemment. La première étape pardonne les autres, la seconde nous pardonne nous-mêmes. Ainsi, notre investissement dans la colère et la culpabilité est défaite et remplacée par l’Amour de Dieu, la dernière étape dans notre guérison. Ceci est résumé dans le Cours :
« […] Tu n’es pas emprisonné dans le monde que tu vois, parce que sa cause peut-être changée. Ce changement requiert d’abord que la cause soit identifiée puis lâchée, afin qu’elle puisse être remplacée. Les deux premiers pas dans cette démarche requièrent ta coopération. Pas le dernier » (L-I.23.5:1-4).
(p. 49 - 54)
Le faux pardon
Le pardon est basé sur la non-défense, la conscience que parce que Dieu est notre roc, nous sommes invulnérables aux choses de ce monde et qu’ainsi nous n’avons pas besoin de défense contre elles. En fait, sans une telle conscience, le vrai pardon est impossible.
D’un point de vue psychologique, nous ne sommes pas capables de pardonner si nous croyons que quelque chose a été fait pour nous blesser nous-mêmes, ceux que nous aimons ou auxquels nous nous identifions. Cette croyance suit inévitablement notre identification corporelle puisqu’il n’y a qu’un corps qui puisse être blessé. « L’esprit est bien au-delà du besoin de ta protection » (T-4.I.13:8), souligne le Cours. Le pardon qui suit une perception d’attaque ne peut pas vraiment pardonner, parce qu’il cherche à pardonner ce qui a été vu comme un méfait ou un pêché. Il devient en lui-même une forme d’attaque subtile en prenant la forme suivante : « Tu es une personne terrible en raison de ce que tu as fait pour me blesser, moi qui suit l’innocente victime de ton attaque injustifiée. Cependant, grâce à la bonté de mon cœur, je vais te pardonner quand même et prier pour que Dieu ait miséricorde de ton âme pêcheur. » Il n’y a bien évidemment aucun amour dans une telle déclaration. (p. 55)
Cause et effet
Puisque le pêché est la cause de la souffrance, qui est son effet, il ne peut qu’être défait (ou pardonné) en démontrant qu’il n’y a pas de souffrance. Si le pêché n’a pas d’effet, il ne peut pas être une cause ; et s’il n’est pas une cause, il n’existe pas. Le Cours dit ceci :
« Ce qui n’a pas d’effet n’existe pas, et pour le Saint-Esprit les effets de l’erreur sont inexistants. En annulant sans cesse et avec constance tous ses effets, partout et sous tous les rapports, Il enseigne que l’ego n’existe pas et le prouve » (T-9.IV.5:5-6).
D’un autre côté, nous prouvons la réalité du pêché en étant témoin de la réalité de ses effets. Si je souffre, je pointe un doigt accusateur vers celui que je crois être responsable de ma souffrance.
« Car nul ne qui repose le véritable pardon ne peut souffrir. Il ne tient pas la preuve du pêché sous les yeux de son frère. […] Tu dois attester que ses pêchés n’ont pas d’effet sur toi pour démontrer qu’ils ne sont pas réels. Autrement, comment pourrait-il être sans péché ? Et comment son innocence pourrait-elle être justifiée à moins que ses péchés n’aient pas d’effet qui légitime la culpabilité ? » (T-27.II.3:6-7 ; 4:2-4)
(p. 57)
Shakespeare a donné un exemple poignant de ce principe dans « Le Roi Lear » (IV, vii). Il y a certainement peu de personnages littéraires qui ont eu plus de raisons d’être blessés ou en colère que Cordelia, rejetée par Lear. Elle était néanmoins la seule de ses filles qui l’aimait. Sa simple honnêteté a provoqué chez Lear une haine et une vengeance démesurée, ce qui les a chacun mené vers la tragédie. C’est seulement à la fin de la pièce que Lear reconnaît son erreur, et parle humblement à sa fille :
Vos larmes mouillent-elles ? Oui, ma foi ! Je vous en prie, ne pleurez-pas.
Si vous avez du poison pour moi, je le boirai.
Je sais que vous ne m’aimez pas ; car vos sœurs,
Autant que je m’en rappelle, m’ont fait bien du mal :
Vous vous avez quelques motifs ; elles, elles n’en n’avaient pas.
Cordelia lui répond alors doucement : « Nul motif ! Nul motif ! », disant à son père qu’il n’a pas besoin de demander pardon. Son amour pour lui est resté inébranlé par ses actions dirigées contre elle. De son innocence et de sa non-défense, elle étend jusqu’à lui l’amour que le véritable pardon reflète. Dans ce pardon, offert et accepté, père et fille sont réconciliés et trouvent enfin la paix avant qu’ils meurent.
En suivant le jugement du Saint-Esprit, je suis maintenant libre d’entendre Sa Voix qui dit que ton appel est destiné au même amour que je cherche, et qu’en te pardonnant ce que tu ne m’as pas fait, je me pardonne également les pêchés que je n’ai pas réellement commis. J’entendrais mon Enseignant me rappeler que la façon de se souvenir de Dieu c’est de « percevoir la guérison de ton frère comme ta propre guérison » (T-12.II.2:9).
Ainsi, si tu m’attaques et si je réponds sans attaque, je renforce une leçon différente pour nous deux. En te montrant que l’attaque n’a aucun effet sur moi, c'est-à-dire que je ne suis ni en colère, ni blessé, ni sur la défensive, je démontre que tu n’as pas besoin de te sentir coupable par rapport à ce que tu as fait. Ton insulte ne m’a pas fait souffrir (ce que ma contre-attaque affirmerait), mais cela est plutôt vu comme un appel à l’aide auquel je réponds. Nier ce même besoin en moi-même, en nous voyant séparés l’un de l’autre, m’exclurais de la guérison. Cela renforcerait l’erreur même de la séparation que mon pardon guérirait. « La sainteté de ta relation te pardonne et pardonne à ton frère, défaisant les effets de ce que vous avez tous deux cru et vu. Et avec leur disparition disparaîtrait aussi le besoin de pêché » (T-22.in.1:7-8).
(p. 60, 61)
Les opportunités du pardon
En se joignant à l’autre dans le pardon, nous nous joignons au Saint-Esprit, dont l’unique but pour toute relation est le pardon. Dans notre union, la croyance de l’ego dans la séparation est défaite. La culpabilité disparait puisque ses racines résident dans l’attaque que la séparation des autres et de Dieu engendre. Le pardon que nous offrons à l’autre et à nous-mêmes sera également la réponse à la prière de ceux que nous pardonnons, puisque toute guérison est réciproque. Si nous cherchons honnêtement le but de vérité du Saint-Esprit, nous devons accepter Son but de pardonner les relations non guéries de nos vies afin de trouver cette vérité.
Le Cours nous demande :
« Tu reconnais que tu veux le but. N’es-tu pas aussi désireux d’accepter les moyens ? […] Un but s’atteint par les moyens, et si tu veux le but, tu dois être désireux de vouloir aussi les moyens. Comment peut-on être sincère et dire : « Je veux cela par-dessus tout, et pourtant je ne veux pas apprendre les moyens pour l’obtenir ? » (T-20.VII.2:3-4,6-7) »
L’acceptation des moyens du pardon garantit que l’Amour de Dieu s’étendra à travers nous, apportant la paix que nous désirons par-dessus tout. (p. 63)
« L’amour est la voie dans laquelle je marche avec gratitude » (L-I.195), enseigne le Cours, puisque l’on nous demande de remercier toutes les opportunités qui nous sont données de choisir à nouveau. Ces gens qui nous causent les plus gros problèmes, les plus grands casse-pieds de nos vies, sont les gens pour lesquels nous devrions nous sentir les plus reconnaissants. Plus la réaction de notre égo est grande (colère, blessure ou peur), plus notre culpabilité projetée a été refoulée profondément et plus grand est le morceau de l’iceberg qui a fait surface. Sans ces opportunités, cette culpabilité resterait inconnue et donc incorrigée.
« Il est insane de rendre grâce à cause de la souffrance. Mais il est pareillement insane de manquer de gratitude envers Celui Qui t’offre le moyen certain par lequel toute douleur est guérie et la souffrance est remplacée par le rire et le bonheur. […] Nous remercions notre Père d’une seule chose : de n’être séparés d’aucune chose vivante, et donc de ne faire qu’un avec Lui. (L-I.195.2:1-2; 6:1).
Alors que nous étions tentés de percevoir la séparation de celui que nous appelions ennemi, nous le voyons désormais de nouveau comme notre frère, effrayé comme nous, seul comme nous et appelant à l’aide comme nous. Unis maintenant dans la gratitude et dans l’amour, nous marchons ensemble sur le chemin du pardon vers Dieu.
Ainsi, dans toute situation où l’attaque semble se produire, nous sommes face à une des deux alternatives perceptuelles. Soit nous voyons la personne comme coupable, malfaisante et méritant une punition, soit nous voyons l’agresseur comme appelant désespérément à l’aide : l’appel à l’aide de celui qui croit en un Dieu vengeur, et dont l’attaque est en réalité un appel à la miséricorde et à l’amour qu’il ou elle pense non méritée.
Il n’y a pas d’autre choix perceptuel qui s’offre à nous, et notre réponse suivra directement la façon dont nous avons vu l’action. Si nous percevons l’attaque, nous n’avons pas d’autre recours que de nous défendre d’une manière ou d’une autre. Si d’un autre côté, nous percevons la même action comme étant un appel à l’amour, qu’elle autre réponse pourrions-nous donner que l’amour ? « Où il y a l’amour, ton frère doit te le donner à cause de ce qu’est l’amour. Mais où il y a un appel à l’amour, c’est toi qui dois le donner à cause de ce que tu es » (T-14.X.12:2-3).
C’est ici que nous voyons l’importance du concept discuté dans le premier chapitre : la projection fait la perception. La façon dont nous percevons cette situation d’attaque et de préjudice dépendra de la façon dont nous nous voyons nous-mêmes. Si nous pensons que nous sommes séparés de Dieu et que Son Amour et sa force ne nous protègent pas, nous nous sentirons, nous aussi, vulnérables et effrayés, partageant la croyance de notre agresseur. Notre propre identification à l’égo et au corps mène à la perception d’un monde effrayant et hostile ; et la peur que le monde projette –ses expressions de colère et d’attaque – renforce notre croyance que nous sommes justement traités pour nos pêchés.
Cependant, si nous nous identifions à notre Soi Spirituel, avec la force et la protection de Dieu qui est notre véritable réalité et fondation, nous saurons que nous sommes invulnérables. Nous reconnaîtrons que nous n’avons pas de besoin que Dieu n’ait pas déjà comblé et par conséquent que nous n’avons pas besoin de chercher quoique ce soit à l’extérieur de nous. Ce principe d’abondance contraste avec le principe de manque de l’égo, qui stipule que ce qui nous manque peut-être trouvé en quelqu’un d’autre. Croyant en notre abondance, nous savons que rien en ce monde ne peut voler notre paix, notre joie et notre bonheur qui viennent de la connaissance que Dieu est avec nous. De nombreuses personnes à travers l’histoire ont été capables d’endurer des morts apparemment cruelles en étant parfaitement en paix avec leur assassin, parce qu’ils savaient que Dieu ne les avait pas laissé sans réconfort, même si leur vie physique leur avait été retirée. Ils savaient que leur véritable Identité n’était pas ce soi physique, mais le Soi qui reste inaltérable en Dieu pour toute l’éternité. D’une telle conscience et certitude, seule la paix est possible. Sachant que l’amour est en nous, nous regardons à l’extérieur et voyons chez les autres soit l'amour, soit son appel. C’est à partir de cette perception que le pardon devient l’expression vivante de l’Amour de Dieu ici sur terre. (p 64, 65, 66)
Chapitre 3:
LE PARDON DE L’INJUSTICE
Le problème de la colère, de la maladie et de la souffrance
Le renversement de la cause et de l’effet
La cinquième leçon du livre d’exercice affirme : « Je ne suis jamais contrarié pour la raison à laquelle je pense » (L-I.5). A travers la dynamique de la projection, l’égo cherche continuellement à nous faire croire que nos problèmes sont à l’extérieur de nous, dans le monde du corps, le nôtre ou celui des autres. Ainsi, nous pensons que ce qui nous contrarie sont les problèmes perçus à l’extérieur de nous, au-delà de notre contrôle, auxquels nous devons trouver des solutions. Aussi longtemps que nous croyons à au séduisant écran de fumée de l’égo, la véritable source du problème (nos pensées erronées) restent pour toujours au-delà de notre reconnaissance et donc au-delà de la correction. Comme nous l’avons vu, ceci est le but fondamental de l’égo en toute situation : obscurcir la croyance en la réalité de la séparation qui elle seule nous contrarie. (p. 67)
Les problèmes apparaissent dans ce monde en raison du succès qu’à l’égo de renverser cause et effet, une dynamique que nous allons maintenant explorer. La seule cause dans ce monde est l’esprit, […] et tous les aspects du monde matériel sont l’effet de l’esprit. Il ne peut pas y avoir d’exception à ce principe puisque l’esprit est le seul agent créatif. Cela est également vrai quand il « malcrée », ou qu’il fait des illusions. La malcréation ou la distorsion du pouvoir créatif de Dieu est analogue au fait de placer un prisme devant une lumière. La lumière qui passe à travers le prisme est éclatée et changée ; pourtant, elle est toujours dérivée de la lumière pure qui est la seule source. Ainsi, le monde matériel n’est rien d’autre que la manifestation de ces rayons de lumière éclatés provenant de notre esprit, nous apparaissant sous une forme physique. La physique moderne nous dit que ces formes de matière ne sont rien d’autre que des expressions d’énergie ou de pensée, puisqu’ils ont reconnu qu’il n’y a pas de réelle distinction entre sujet et objet, entre nos pensées et ce que nous percevons à l’extérieur de nous. Elles sont les mêmes : « Les idées ne quittent par leur source » (p. 68, 69)
Le problème de la colère
Aussi longtemps que ces expériences de colère sembleront être positives, leur véritable nature destructive sera dissimulée. Peu de temps après une explosion de colère, la personne sera submergée par la culpabilité de son attaque. Ainsi, une dépression ou « une gueule de bois psychologique » devient inévitable. La dépression est souvent décrite comme étant de la rage inexprimée, mais elle est encore plus liée à la culpabilité qui est protégée, puisque c’est la culpabilité que masque la dépression. Encourager l’expression de la colère renforce simplement l’accumulation cachée de culpabilité. Cela agit ainsi à nos dépens, sans mentionner le détriment occasionné à ceux que nous avons attaqué » (p. 71, 72)
Quand les gens sont encouragés à être honnêtes les uns envers les autres, à « dire les choses telles quelles sont » et qu’ils déchargent ainsi des paroles venimeuses sur quelqu’un d’autre au nom de la vérité, ils sont rarement honnêtes ou serviables. Pourtant, quand nous sommes en colère, il est essentiel que nous ne niions ou ne repoussions pas nos sentiments, car cela les intensifie et renforce la présence de ce qui est désormais « l’ennemi ». Si la pression intérieure est trop importante et que la colère doit être exprimée, alors la reconnaissance, au moins envers soi-même, que la colère n’est pas ce qu’elle paraît-être suffira. Peut-être qu’il serait encore mieux de faire une déclaration à l’autre, comme celle qui suit, qui ferait justice à nos sentiments et énoncerait également le problème : « Je suis furieux par rapport à ce que tu as fait, mais je sais que ma colère n’est pas vraiment dirigée vers toi, mais plutôt vers moi. Là, maintenant, je ne peux pas m’empêcher de ressentir cela ; s’il te plaît, ne prend pas ça personnellement. » Si la colère ne peut pas être contenue, au moins une telle attitude minimise la culpabilité et permet d’aller au-delà. Cette reconnaissance est suffisance pour inviter l’aide du Saint-Esprit, parce qu’elle exprime la petite volonté dont Il a besoin pour dissiper notre culpabilité. (p. 72)
Ainsi, la première étape pour apprendre à gérer sa propre colère peut nécessiter d’apprendre à ne pas en être apeuré. Mais cela doit être suivi par la reconnaissance que la colère n’est pas du tout le problème. Quelque part en nous, même si la colère semble monter, nous devons avoir la volonté de faire un pas en arrière et de la regarder différemment. Pendant ces moments, notre prière devrait être : « Père, je ne peux pas m’empêcher d’être en colère suite à ce que je pense que cette personne m’a fait. Mais aide-moi s’il te plait à regarder la situation différemment comme Tu le fais, reconnaissant qu’attaquer un autre c’est m’attaquer moi-même. Et pourquoi attaquerais-je Ton enfant et empêcher Ton amour de m’atteindre ? (p. 73)
La signification de la maladie
La maladie peut être ainsi comprise comme un problème de l’esprit et non du corps. C’est une interprétation du corps affirmant que la séparation de Dieu est un fait. Puisqu’il faut deux personnes pour témoigner de la séparation, il faut également deux personnes pour faire la maladie : une qui croit qu’elle est malade et une autre qui soutient cette croyance. « Aucun esprit n’est malade jusqu’à ce qu’un autre esprit ne lui accorde qu’ils sont séparés. C’est donc leur décision conjointe d’être malades » (T-28.III.2:1-2). (p.77)
La Fausse Guérison par rapport à la Vraie : La Magie par rapport au Miracle
De la même manière qu’il est impossible de ne pas former de relation particulière dans ce monde, il est impossible de ne pas développer de symptômes physiques de temps en temps. Aussi longtemps que la culpabilité sera présente en nous, elle devra être projetée, et nos corps sont la cible favorite de l’égo. La dernière chose qui pourrait aider alors que l’on est malade, ou que l’on est en colère, c’est de se sentir coupable, parce qu’alors l’égo nous a alors trompé deux fois. Il attaque d’abord en nous rendant malade, et ensuite « nous marche dessus », en nous rendant coupable de tomber malade. Les gens qui travaillent avec Un Cours En Miracles sont souvent tentés à ce niveau-là. Ayant appris que toute « maladie est une défense contre la vérité », ils sont ensuite fâchés quand ils attrapent des rhumes, des migraines, pour ne pas mentionner des symptômes apparemment plus graves. Ils peuvent aussi renforcer involontairement la culpabilité des autres en raison de leurs symptômes. Aucune guérison ne peut jamais résulter d’une telle attitude. (p. 79)
Le Cours nous rappelle que notre fonction sur terre est de guérir. En guérissant, nous sommes guéris. Ces opportunités se présentent souvent quand nos sommes face à la maladie d’un autre. Cette forme de maladie que nous observons en quelqu’un d’autre et rendons réels par notre anxiété, notre culpabilité ou notre inquiétude sera le miroir de ce qui n’est pas pardonné en nous et qui nécessite la guérison. Le plan de l’égo pour le « salut » est remplacé par celui du Saint-Esprit puisqu’il nous est demandé d’ « accepter le salut pour nous-mêmes ». Nous acceptons le salut quand « nous ne donnons pas soutien au rêve de maladie de quelqu’un » (T-28.IV.1:1), ne partageant pas son rêve de séparation. Cela défait notre croyance en la réalité de la séparation et de la culpabilité en changeant notre perception de la maladie d’un autre en un appel à l’aide et à l’unité. (p. 83)
La signification de l’injustice et de la souffrance
Si nous percevons quelqu’un traitant injustement un autre, que ce soit nous-mêmes, des gens aimés, ou des gens vivant dans un pays étranger, nous ne pouvons éviter de croire que celui qui perpétue l’injustice est mauvais ou mérite une punition. La leçon que nous enseignons alors, c’est que les gens ne devraient pas blesser d’autres personnes parce que cela nous met en colère et que nous ne les approuvons pas, eux ou leurs actes. Ces actions sont « mauvaises » et ceux qui les commettent le sont donc aussi. Si les gens souhaitent être « bons », ils doivent arrêter ce qu’ils font, puisque l’approbation que nous leur offrons dépend de leur attitude. Il ne s’agit pas seulement de notre approbation, mais de celle de Dieu, Que nous pensons représenter. Ainsi, à partir du moment où il y a eu une perception de l’injustice, la seule alternative qui peut suivre est celle du jugement qui instaure les conditions de l’ « amour » : soit les gens se comportent selon nos valeurs, soit ils nient le salut et sont chassés du Royaume de Dieu. Ceci est un autre exemple de ce que le Cours appelle l’arrogance de l’égo, présumant savoir ce qu’est la volonté de Dieu et s’arrogant le droit de l’appliquer.
Si d’un autre côté, nous percevons l’injustice comme étant un appel à l’aide effrayé, suivant le jugement du Saint Esprit discuté ci-dessus, nous ne pouvons pas voir celui qui perpétue cette injustice comme étant mauvais ou pêcheur. La leçon que nous voulons donc enseigner, c’est que cette personne est aimée par Dieu et mérite cet Amour, quelles que soient ses actions. Il n’y a pas d’autre leçon que nous voudrions enseigner, parce qu’il n’y a pas d’autre leçon que nous voudrions apprendre. Une personne qui ressent l’Amour de Dieu voudrait uniquement démontrer son Amour à ceux qui ne le connaissent pas. Cela ne signifie pas que nous devons nécessairement approuver les actions de la personne qui « commet l’injustice », mais simplement que nous agrandissons le cercle d’aide pour inclure ceux qui semblent apporter cette souffrance à ceux qui souffrent. Une perception qui les exclue vient d’un désir inconscient de trouver un bouc émissaire afin de projeter notre culpabilité. (p. 84, 85)
Pratiquer la justice
Mettre des limites aux tentatives de ceux qui veulent détruire les limites sociales et/ou personnelles est souvent l’acte le plus aimant que nous puissions faire. Il n’y a peut-être pas d’expérience plus terrifiante que celle de croire que le monde ne peut pas nous contenir, et que nous sommes en fait omnipotents et au-delà de l’autorité personnelle et gouvernementale. Une telle expérience dans notre propre monde renforce la croyance fondamentale qu’en vertu de notre séparation d’avec Dieu, nous sommes responsables de l’univers. Puisque nous avons usurpé Sa place, Il est maintenant impuissant face à nous. Cette croyance mène inévitablement à notre peur terrifiante de ce qui nous sera fait en riposte à ce que nous croyons avoir fait. Cette expérience de terreur est clairement manifeste chez les gens sérieusement perturbés, dont la perturbation psychologique résulte, à un certain niveau, de leur manque de confiance en ce que les autres puissent les contrôler, les conforter et les aimer. (p. 91)
Expérimenter la souffrance peut faire partie d’une expérience transformatrice, que ce soit notre souffrance ou qu’elle soit vue ailleurs. Cela ne peut jamais être la Volonté de Dieu qu’un de ses enfants souffre, mais Sa Volonté est que nous apprenions d’elle lorsque nous avons décidé de la rendre réelle pour nous. […] Quand la souffrance est tournée vers le Saint Esprit, elle pour nous fournir l’opportunité d’apprendre Sa leçon : puisque la paix reste à jamais invulnérable à tout ce qui lui est extérieur, l’enfant de Dieu ne peut pas vraiment souffrir. Ce que nous étiquetons souffrance est ce que nous avons rendu réel dans nos esprits. C’est à cet endroit là que la correction est nécessaire.
Les occasions douloureuses, les épreuves à n’importe quel niveau, sont simplement des chances pour pratiquer le pardon :
« Les épreuves ne sont que des leçons que tu as manqué d’apprendre et qui te sont présentées à nouveau, de sorte que là où tu avais fait le mauvais choix auparavant, tu peux maintenant en faire un meilleur, échappant ainsi de toute la douleur que t’avais apporté ce que tu as choisi auparavant » (T-31.VIII.3:1).
« Cette unique leçon apprise te libérera de la souffrance, quelque forme qu’elle prenne. Le Saint-Esprit répétera cette seule leçon de délivrance qui inclut tout jusqu’à ce qu’elle ait été apprise, peu importe la forme de souffrance que tu ressens. Quelle que soit la blessure que tu Lui portes, Il répondra par cette vérité très simple. Car cette seule réponse enlève la cause de toute forme de chagrin et de douleur » (T-27.VIII.11:1-4).
Cette réponse est le pardon, la base de la véritable justice. Elle est basée non sur la douleur ou la blessure, mais sur la perception qu’il n’y a rien à pardonner. […] (p. 92, 93).
A moins que notre but soit d’aider toute personne prise dans l’erreur, nous allons répondre à la projection de notre propre culpabilité et continuer à regarder un monde d’intérêts séparés. Une telle perception ne peut d’abord venir que d’une croyance à propos de nous-mêmes. Si nous croyons que nous sommes séparés, nous verrons un monde de séparation, de gens avec des caractéristiques opposées de bien et de mal, d’amour et de haine, ceux qui doivent être soutenus et ceux à qui il faut s’opposer, ceux qu’il faut juger et ceux qu’il faut vaincre. La véritable guérison et la vraie correction deviennent alors impossibles. (p. 93)
Le rôle du Saint-Esprit
Le pouvoir de l’amour mis en contraste avec celui de la force est exprimé dans le conte du soleil et du vent, ces derniers argumentant pour savoir lequel était le plus fort. Regardant vers la terre, ils virent un homme se promenant, habillé d’une veste. Ils décidèrent de mettre un terme à leur débat en voyant lequel des deux pourrait faire retirer à l’homme sa veste. Le vent commença le premier et souffla aussi fort qu’il pu. Le seul effet que cela produisit fut que l’homme serra encore plus fort sa veste contre lui. Quand vint le tour de soleil, il se mit simplement à briller. Plus il brilla, plus l’homme se réchauffa et au bout de quelques minutes, il retira sa veste. La leçon est claire. Pour produire un changement chez l’autre, nous n’avons uniquement besoin de laisser la lumière de Dieu briller. Exercer des pressions d’une manière ou d’une autre provoque uniquement une plus grande défensive chez les autres. Notre égo rencontre un autre égo. Ainsi, le résultat doit toujours être contre-productif et apporter souvent les choses mêmes que nous ne voulions pas.
Nous revenons ainsi au problème fondamental qu’est la façon dont on peut entendre le Saint-Esprit, afin de laisser Sa lumière briller à travers nous. Pour y arriver, nous devons abandonner notre culpabilité, qui n’est pas seulement une attaque contre nous-mêmes, mais aussi un assaut à l’encontre de Dieu lorsque nous essayons de nier sa présence et de rendre sa Voix inaudible pour toujours. Aussi longtemps que nous laisserons la culpabilité parasiter par ses bruits nos esprits, nous ne pourrons jamais entendre la Voix qui parle pour notre non culpabilité et celle de tous nos frères et sœurs. Non seulement la culpabilité cache notre vrai Soi, mais elle nous empêche de voir la lumière de ce Soi chez les autres. Puisque l’attaque n’est rien d’autre que de la culpabilité projetée, l’attaque sous quelque forme que ce soit dissimulera le Saint-Esprit sous un nuage de culpabilité. Cependant, décider de voir l’attaque comme un appel à l’aide exprime le désir d’entendre Sa Voix, afin qu’il nous soit donné la vision de pardon qui nous pardonnera notre culpabilité. Ainsi, un importun désespéré nous offre l’opportunité de faire rencontrer l’attaque et l’amour, et apprendre ainsi la seule leçon que nous enseignons. (p. 95)
Traduction libre par Mathieu
Forgiveness and Jesus, chapitre 4 à 16 (cliquez ici)